Nala 04 - Nala en Italie


4 mai

Ils ont bouclé les valises, ils ont réussi à tout caser dans le coffre, j'aurai la banquette arrière pour moi toute seule ; nous partons demain, j'espère que Minne n'a pas oublié mes jouets et mes friandises, elle a acheté exprès un grand sac fourre-tout ; savez-vous que j'ai un passeport ? Je suis très fière d'être du voyage, mais j'ai  peur aussi : le trajet risque d'être long, comme je vais m'ennuyer ! Et s'ils en avaient assez de moi, s'ils m'abandonnaient au pied d'un arbre comme font les mauvais maîtres ? J'ai vu un clip à la télé qui m'a fait froid dans l'échine...

5 mai

Nous avons passé la nuit dans les Alpilles chez une dame charmante, Mireille, qui a un grand jardin entouré de prés et d’oliveraies et surtout un gentil cheval qui m’a acceptée dans son enclos pendant qu’ils savouraient leurs œufs au plat du matin ; je me suis faufilée entre ses jambes mais ses sabots étaient si gros et si durs que je n’ai guère eu envie de lui mordiller les pattes à ce grand chien comme je fais d’habitude. Là je viens lui dire au revoir.


6 mai (matin)

Avec Jean nous marchons sur les grosses pierres de la plage de Vintimille pour étrenner mon nouveau harnais acheté à Salon et qui remplace le vert que j'ai mangé en venant, histoire de m'occuper ; c’est un rouge cette fois, très solide, a dit la gentille dame qui nous l’a vendu bien cher ; moi je sais ce que je vais en faire, et ils m’en achèteront un blanc la prochaine fois, comme ça j’aurai avalé toutes les couleurs du drapeau italien. Minne nous trouve si beaux tous les deux qu’elle nous photographie. Jean a du mal à se défaire de son portable, même en vacances. Qu'est-ce qu'il peut bien raconter ?

6 mai (soir)

La terrasse de notre restaurant de Cremona donne sur une rue piétonne. Je suis couchée sur le sol de tout mon long, les gens s’arrêtent pour me regarder, je me mets sur le dos pour qu’ils me caressent le ventre, mon petit ventre rose à pois noirs, j’adore !
Ils posent des questions, Jean est content car il peut enfin parler italien, Minne baragouine quelques mots, ils veulent tout savoir, je suis au centre de tout, ils disent que mon pelage est doux comme de la laine, je suis ravie, je leur fais mes lunes*, je commence à aimer ce voyage.
*mes lunes : mon regard craquant, voir Périgord.

7 mai

En fin de matinée, étape sur le lac de Garde pour y retrouver des amis ; nous faisons avec eux le tour des remparts de Pescheria puis flânons dans la vieille ville, pleine de toutous en laisse ; on se dit bonjour, la truffe d’abord, puis le derrière, il faut ce qu’il faut, mais pas le droit de jouer, jamais, on s’emmêle trop les laisses ! Ils prennent des boissons colorées et moi rien ; heureusement il y a Aloïs qui me caresse en mangeant sa glace, je me pourlèche les babines, l’implorant pour lui faire comprendre que j’en voudrais bien un peu mais toujours rien… même pas le cornet, Aloïs le mange jusqu’au trognon. Mais je ne suis pas rancunière.

8 mai

Nous avons pris le traghetto pour aller au Lido où se trouve notre hôtel ; c'est la première fois que je prends le bateau, Minne me rassure ; on ne m'a même pas mis de gilet de sauvetage !


9 mai

Il fait très chaud, nous avons marché toute la matinée à Burano entre des maisons peinturlurées de couleurs vives. Des boutiques qui vendent surtout des broderies, des bistrots, des restaurants, des touristes, trop de touristes, qui déambulent sur les quais et les ponts de ce village d'opérette. A midi friture pour Jean, osso bucco pour Minne, croquettes de tous les jours pour moi ; à quoi ça sert que je vienne en Italie si je ne goûte pas aux spécialités locales ? Heureusement sous les tables du restaurant je trouve des choses fort intéressantes... Et après le déjeuner petite sieste pour Jean sous ma garde rapprochée.


10, 11 et 12 mai : journées vénitiennes

A Venise nous avons flâné toute la journée : le matin sur les quais autour du Rialto il fallait s’arrêter tous les dix mètres parce qu’on me trouvait trop belle et qu’on demandait la permission de me faire des papouilles. Ici ce sont des caresses anglaises devant Santa Maria Della Salute, elle ne me lâchait plus.


J’ai eu un succès fou, une vraie star de la Mostra : Jean était ravi, ça lui permettait de parler cette langue qu'il adore, Minne commençait sa phrase en italien et la terminait en anglais mais les gens avaient l’air de comprendre quand même ou bien faisaient semblant pour lui faire plaisir. En tous cas ils étaient fiers de moi ! Ils auraient pu me vendre cinquante fois, mais j'aurais pas aimé, c'est trop bien de vivre avec eux...

Une rue du Castello, un quartier qui n'attire pas les foules ; dommage que ce linge soit si haut, j'aimerais bien le mordiller et le déchirer un peu. Minne trimballe partout son grand sac rose, archi rempli de choses pour elle et moi, elle n'y retrouve jamais ce qu'elle cherche, c'est toujours au fond bien caché.


Toujours le Castello, sur une placette. Heureusement les fontaines et les pompes sont nombreuses, il fait si chaud !


Dans un square j'ai rencontré mon alter ego, Chanel, trois mois seulement... mais comme il me ressemble ! Minne était tout attendrie : c'est l'âge que j'avais quand elle m'a vue pour la première fois dans ma vitrine ; maintenant je suis une grande de cinq mois.


On a marché toute la journée, je n'en peux plus ! Et puisqu'on m'a déroulé le tapis rouge je n'ai plus envie de les suivre, je reste là, dans cette galerie du Dorsoduro. Arrivederci !...


Des pigeons sur les places, sur les ponts, sur les toits, sur les touristes, sur les réverbères, des pigeons partout, des fientes partout...


Ceux-là viennent picorer mon pique-nique, je n'apprécie qu'à moitié... En plus ces minus n'ont pas peur de moi, c'est vexant comme tout.


Avec Minne devant le palais des doges (moi j'aurais préféré un palais des dogues) ; aucun chien pour jouer, mais un petit enfant à la chevelure de feu qui ne veut plus me quitter. C'est le soir, la place Saint-Marc s'est vidée de ses touristes, le couchant dore les façades.


En attendant le vaporetto qui nous ramène au Lido ; le crépuscule tombe sur Venise, les quais du Grand Canal sont presque déserts ; nous allons retrouver notre tonnelle de Malamocco, la pasta pour eux et les gressins pour moi ; on s'y fait à la dolce vita, je resterais bien quelques jours de plus...


12 mai

Retour sur le même grand bateau plat qu’à l’aller, même la voiture a navigué au milieu de tant d’autres sans se casser. Minne a fait tout plein de photos, il y avait un grand soleil et nous quittions Venise ; ils ont dit qu’ils y reviendraient sans moi pour visiter des musées, ils ne vont pas m’abandonner j'espère !... En tous cas c’était chouette, surtout toutes ces caresses et compliments à tous les coins de rues et de canaux. Mais je me suis un peu trop enrobée, je mange trop de gressins pendant qu’ils prennent leur spritz, j'adore ces baguettes qui craquent sous la dent.

12 mai au soir

Dis, Minne et Jean, on reviendra à Venise ? C'est trop beau cette ville rose et bleue !


13 mai

A Vittorio Veneto, halte fraîcheur dans un parc bruissant de fontaines… et encore des mains pour me caresser, ça n’arrête pas, des mains de jeunes canadiennes cette fois, qui s’asseoient à côté de nous pour manger leur glace ; aussi jolies que gourmandes elles n’en finissent plus de pépier joyeusement en me papouillant d’une seule main –l’autre tient le cornet que je ne quitte pas des yeux, tantôt l’une tantôt l’autre– mais elles ne m’oublient pas puisque j’ai droit à leurs deux bouts de cornets à la fin, ne le dites pas à ma vétérinaire… Il fait une chaleur étouffante, les nuages s’épaississent sur les cimes bleues des Dolomites.

16 mai

Bon, nous voilà enfin installés à Poggino, en Toscane, depuis trois jours, et trois jours au même endroit avec eux c’est un exploit ! C’était long mais au bout de la route c’est le paradis ! Minne et Jean connaissaient déjà, moi j’étais pas née quand ils sont venus la première fois, l’an dernier, c’est bien dommage. Un immense jardin où je peux gambader à mon aise, un petit bois pour jouer à cache-cache, un talus pour mes escalades, parfois le chien du propriétaire pour jouer, tout est parfait...


17 mai

Je garde mon nouveau domaine, notre petite maison de Poggino, au fond du grand jardin ; il y a d'autres gens dans d'autres maisons : une gentille dame presque aveugle, des Finlandais qui ont un petit enfant renifleur –j'adore le débarbouiller– et des nouveaux arrivés qui disent à peine bonjour –ils ne doivent pas aimer les chiens... Peut-être ont-ils abandonné le leur ? Je les déteste déjà.


18 mai

Jean a tenu à étrenner son chapeau d'hiver qu'il vient d'acheter à Sienne. Ici nous sommes sur la place du Palio et apparemment j'ai vu quelque chose qui m'intéresse plus que le Palazzo Comunale ou la Torre Mangia : un toutou ou un pigeon ?


Mon écuelle de pâtée ? Non, de la trippa alla senese, un plat typique qu'ils adorent ! J'en aurais bien voulu une assiettée moi aussi, mais on ne m'apporte qu'un bol d'eau fraîche...

19 mai

Excursion autour du lac Trasimène en Ombrie : le soleil est derrière les nuages, tout est voilé de gris bleuté, il fait chaud, des orages s'annoncent, mais un délicieux repas nous attend sur une terrasse ; près de nous, posées sur le trottoir, des dizaines d'assiettes très colorées. "N'y touche pas Nala, ce sont des majoliques"... tant pis ! Ils vont siroter leur Brunello, je vais m'ennuyer en attendant les antipasti... après on verra bien... Salute !


20 mai

A Castellina, avec Minne et son chapeau en paille d'Italie, son deuxième cadeau d'anniversaire (le premier c'était moi).


21 mai

Sienne après un gros orage... Minne a mis son imperméable, la pluie menace encore... alors nous nous réfugions dans une gelateria pour nous régaler encore une fois, Minne la glace, moi un bout de cornet. Puis nous attendons Jean qui est allé chercher la voiture pour nos six pattes qui n'en peuvent plus (Sienne c'est beau mais c'est loin d'être tout plat).


22 mai

A Bagno Vignoni ils sont allés tremper leurs problèmes dans l'eau chaude miraculeuse, ils y croient tellement qu'ils n'ont plus mal nulle part. Moi en attendant je me suis bien amusée en sautant par-dessus les canaux étrusques, poursuivie par un gros dogue aussi baveux que gentil, c'était génial. Nous sommes rentrés par les "crete," collines d'argile au sud de Sienne. Regardez comme c'est joli tous ces verts, on a envie de se rouler dedans !


24 mai

Nous rentrons en France,  il paraît que je leur ai évité un gros pépin sur l'autoroute, peut-être même pire que ça : j'ai eu envie de faire pipi, j'ai aboyé pour le leur dire, ils se sont arrêtés sur une aire : quelqu'un qui passait par là en mastiquant son chien chaud nous a montré une grosse hernie sur l'un de nos pneus : nous risquions l'éclatement ! Nous avons dû trouver dare-dare un garage à Aix-en-Provence. Aurais-je des pouvoirs magiques, comme les eaux de Bagno Vignoni  ?

26 mai

Nous sommes rentrés chez nous.
Nous avons défait les valises.
Nous avons repris notre train-train pour quelques jours.
Puis nous avons refait les valises.
Nous sommes repartis, pour le travail de Jean cette fois, vers Paris...
Quand je vous disais qu'ils ont la bougeotte. 
Cependant, où que nous allions désormais, Minne et Jean disent toujours : "Ah ! les couchers de soleil sur Venise !"


Je les adore, ces maîtres qui considèrent que je fais partie de la famille, et tant pis pour ceux qui pensent que je ne suis qu'un chien.

4 commentaires:

  1. Nala a vraiment de la chance de visiter toutes ces beaux endroits, on aimerait être à sa place et on a hâte que les prochaines vacances arrivent pour connaître les prochaines aventures! Les photos sont magnifiques, il faut les compiler pour faire un guide touristique.

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    1. Merci infiniment pour cet aimable commentaire ! A bientôt pour la suite des aventures de Nala...

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  2. La terre de Sienne vous sied aux pattes !!
    Vivement le prochain périple

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    1. Oui, mais c'est bien salissant.J'en sais quelque chose, j'ai participé aux fouilles sur un site étrusque, il a fallu me schampoinner au retour.

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