Et puis voici des roses...










Mais d'abord revenons à nos oies...Vous m'avez demandé des nouvelles de l'efficacité de mes tondeuses emplumées, je vous dis tout : les oies vont bien et font ce qu'elles peuvent mais les herbes folles, trop exubérantes en ce mois de mai maussade, ont poussé trop vite : il a quand même fallu envisager une tonte en préservant des ronds de prairie naturelle. Nous comptons sur les oies pour l'entretien, nous verrons bien...


Cependant même si leurs performances de brouteuses restent à améliorer, nous ne regrettons rien car elles sont adorables et si belles, des fleurs sur pattes...


Mai a été bien vilain, avec ses pluies et son ciel chargé de gris... Heureusement notre nouveau jardin, riche de plantations anciennes, souriait sous les ondées. Tant de fleurs de printemps, d'anémones, d'iris et de pivoines surtout, mais d'abord des roses...

 













 


Ma bible de la rose, irremplaçable avant Internet, un répertoire de noms de roses griffonnés sur des carnets ou des feuilles volantes au gré de mes découvertes, des photos innombrables, des souvenirs de jardins merveilleux, des projets aussi...


Et toute une collection de porcelaines de Limoges décorées de roses, dénichées au fil du temps dans les brocantes, aussi jolies qu'inutiles... 




J'ai visité de nombreuses roseraies, et d'abord la plus grande, en Toscane, à Cavriglia, qui a été conçue par un chirurgien du Vatican, grand amateur de roses entre deux réparations du squelette papal. La roseraie Carla Fineschi rassemble plus de 7000 rosiers qui sont sévèrement alignés : des roses en rangs d'oignons, ça ne vaut pas le savant désordre d'un jardin anglais où elles sont mises en valeur par tant d'autres plantes, mais bon, Cavriglia est une collection exhaustive plus qu'un vrai jardin. Heureusement nous y avons été accompagnés par la chaleureuse Anna-Lisa, notre amie italienne, et accueillis par une multitude de paons qui dansaient autour de nous, apportant une touche de fantaisie au lieu.


Des souvenirs éblouissants : la roseraie d'André Eve à Pithiviers, les jardins de Roquelin près d'Orléans, la roseraie du logis de Chaligny en Vendée, celle de la villa Ephrussy de Rotschild à Roquebrune, et bien sûr L'Hay-les-Roses et Bagatelle et tant d'autres visites m'ont confortée dans mes choix : les roses anciennes depuis longtemps ont ma préférence... Je regrette seulement de n'être jamais allée dans le village ligérien de la rose, Chédigny... Ce sera pour l'an prochain, c'est ce que je me répète à la fin de chaque printemps...

Ici l'une des allées parfumées de Chaligny...

Mais les roses que je préfère sont toujours celles de mon jardin, celles que j'ai parfois bouturées avec plus ou moins de réussite, soignées, bichonnées, que j'ai vues éclore jour après jour, celles qui ont été le trait d'union entre mes différents domiciles, que je plantais dès mon arrivée dans un nouveau jardin, que les propriétaires suivants ont parfois massacrées, les profanes, pour réorganiser les massifs ou creuser une piscine ou pour dégager un espace vide où ils ne font que passer, tant pis pour eux...

Deux rosiers-fétiches m'ont suivie partout, sauf à Lille où je n'avais qu'un balcon : l'infatigable Ronsard aux roses chou trop lourdes sous la pluie mais inégalables en bouquets...


... et Ghislaine de Féligonde, elle peu propice aux bouquets mais qui couvrit en deux saisons une jolie gloriette ici ou un vilain poulailler ailleurs, cette championne de la grimpette n'est pas regardante... A Tocane je lui donne un sacré challenge : petite bouture plantée cet hiver, je l'ai priée de partir à l'assaut de la clôture du fond du jardin, au bord de la rivière ; gageons qu'elle y arrivera en deux printemps !


La plus parfumée que j'aie eue est incontestablement Rose de Rescht qui orne joliment le jardin et délicieusement une pannacota (pourquoi pas à la rose) ou tout autre dessert blanc...


La plus blanche, celle qui mérite d'être admirée dans le crépuscule d'un soir de juin, quand toutes les autres couleurs sont éteintes et que sa blancheur nacrée joue les lucioles sous la lune montante : Blanc double de Coubert.

La plus farfelue, qui a des fleurs d'été et des feuilles d'automne très colorées, offrant une palette incroyable, mais très difficile à installer, je n'ai réussi qu'une fois, aussi ne puis-je la présenter ici (peut-être l'an prochain) : Chinensis Mutabilis.

La plus spectaculaire, admirée à Paris, (à l'Hay c'était un grand arbre au port retombant), c'est Nevada, que je viens de retrouver chez un rosiériste des bords de Loire ; un autre rosier a des fleurs qui me rappellent celle-ci mais sont plutôt jaunes et blanchissent en vieillissant comme tout le monde,  c'est Mermaid, photographiée au logis de Chaligny en Vendée.


La première à fleurir dans mon nouveau jardin était une récriminante, bien dans la couleur de ce printemps turbulent...


La plus aimable, qui n'a pas d'épines, et que j'ai eu le plaisir de trouver en gros buisson au milieu du jardin, déjà un beau sujet qu'il a fallu tuteurer car le vent la malmenait : Zéphirine Drouin, fleurs modestes mais d'un rose éclatant.


Et ces merveilleuses églantines aux petites fleurs si fragiles et si émouvantes...















 






Et une autre sauvageonne que j'ai découverte au bord de la rivière et qui joue les Narcisse en se mirant dans l'eau, on l'aperçoit à peine sur l'autre rive.

Ce gros buisson rose au fond du jardin, c'est American Pillar.


New Dawn, aussi pulpeuse de face que de profil, très généreuse... Encouragée par l'engrais produit par les poules elle part à la conquête de l'arche.

Celle que j'ai plantée ici en arrivant, Paul Himalayan Musk,  est destinée à coloniser un grand frêne dont la base rebondie m'offre un original cabinet de lecture. Sera-t-elle aussi parfumée que son nom l'annonce ? On l'aperçoit, minuscule et blanche, en haut à droite. Il paraît qu'elle va faire une liane de 15 à 20 mètres, pour le moment elle est bien frêle....


Ce buisson auquel j'ai donné une forme d'oiseau et que j'appelle faute de mieux mon rosier-échassier a fleuri sous la pluie.  Vous ne retrouvez pas l'échassier ? Attendez un peu, je vais le tailler...


Et ce grimpant d'un corail lumineux que je n'aurais jamais choisi mais qui est si présent et si enflammé que j'ai fini par l'accepter.


Je n'aurais jamais opté pour celle-là non plus, mais puisqu'elle existe et veut bien m'offrir une superbe floraison, je la garde et j'ai retrouvé son nom : Pirate, une moderne, bon, soyons indulgents... Mais cette sophistication de couleurs... comme un visage trop maquillé...


Ne soyez pas jalouses, belles pivoines, je  ne vous oublie pas, mais avouez que vous êtes trop fragiles pour avoir ma préférence ! Un coup de vent, une averse, et votre splendide corolle n'est plus qu'un triste moignon. Les beautés les plus parfaites sont les plus éphémères, la rose ancienne le sait, c'est pourquoi certaines ont  plus d'un tour dans leur sac : ou bien elles se font remontantes  et refleurissent jusqu'aux gelées, ou encore elles vous gratifient d'une fructification qui plaît aux oiseaux en automne, des cynorrhodons pour paraître savant, leur nom populaire est tellement vilain...




Non, mon amie la rose n'est pas morte ce matin, elle refleurira au printemps prochain... et aura de nombreuses compagnes qui seront plantées en automne.


10 commentaires:

  1. Quel belle ode à la rose !
    Bon dimanche.

    RépondreSupprimer
  2. Un très joli billet, j'aime les roses anciennes, surtout les parfumées, mais je ne connais pas les noms de celles que nous avons dans le jardin !
    Bon dimanche
    AA

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci AA, cet univers de la rose ancienne est inépuisable, un vrai bonheur qui ne coûte pas cher (il est facile de bouturer).

      Supprimer
  3. Un seul rosier ancien winchester, blanc et parfumé, souvenir de mon séjour UK, en pot et en pension mais lui rend visite régulièrement !
    Hâte d'avoir de nouveau un jardin et d'essayer le bouturage !
    Que vos oies sont belles aussi !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour votre commentaire, je vous souhaite d'avoir très vite un nouveau jardin pour votre rosier blanc et tant d'autres... J'ai quand même fait une dizaine de boutures pour en avoir seulement deux qui ont pris,pourquoi ces deux-là et pas les autres ? Mystère...

      Supprimer
  4. Pasdeloup Valérie12 juin 2019 à 21:47

    Merci pour ce très beau texte savant et sentimental sur les roses de ton jardin et sur les sites que tu as visité,je ne crois jamais avoir lu de texte si beau et se sincère sur cette magnifique fleur. Tu évoques leur passage éphémère, cette idée me plaît alors que j'ai découvert il y a peu de temps sur le marché d'artisans de ma petite ville, le stand d'une créatrice qui proposait une rose éternelle, une fleur plongée dans un liquide qui lui permet, sous cloche, à l'abri de la lumière directe, de rester intacte plusieurs années. Lorsqu'elle a gentiment pris le temps de me montrer ses créations, celle-ci m'a donnée du vague à l'âme, je préfère attendre la saison prochaine. Je t’accompagnerais bien voir celui que le jardin que tu évoques situé près de Tours, je reviens de deux jours dans cette ville qui a vu naître Balzac, quel livre me conseillerais-tu en priorité ? Lycéenne j'en ai lu quelques uns mais à présent je suis prête à les redécouvrir. A bientôt, amitiés, Valérie

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Valérie,un grand merci pour avoir consacré quelques minutes de ton précieux temps à la découverte de mes roses, merci aussi pour tes commentaires... Pour le reste je t'appelle. La rose éternelle me laisse aussi dubitative que toi, laissons faire la nature. Bonne journée !

      Supprimer
  5. C'est un merveilleux billet sur les roses que tu nous offres et que j'ai pris le temps de revenir lire ( la première fois c'était en diagonale au cours d'une semaine surchargée et je me suis dit que je devrais prendre le temps d'en savourer toutes les lignes ) . Ode à cette majestueuse et magnifique fleur, on sent l'amour que tu lui portes sous chacune de tes lignes. Tes connaissances en la matière me semblent encyclopédiques moi qui a une profonde ignorance du sujet et qui est incapable de citer le nom de la moindre rose de mon jardin ( elles étaient déjà là quand j'ai acheté la maison ). Ton jardin soit être splendide en cette saison et le beau temps qui arrive doit te permettre d'en profiter au maximum. Amitiés. Marie *

    RépondreSupprimer
  6. Bonjour Marie, merci pour ton commentaire, effectivement je sens renaître ici cette passion pour les roses anciennes que j'ai bridée pendant des années, sachant que je ne resterais pas longtemps dans chacun de mes domiciles. Ici j'ai enfin trouvé le jardin (et l'emplacement de choix, en bord de rivière), que je cherchais depuis longtemps. Celui-ci se structure peu à peu, je ferai un billet sur lui bientôt, mais il sera encore un peu jeune pour donner sa pleine mesure, il faudra bien deux ou trois ans. Encore merci pour tes encouragements, bonnes vacances d'été ! Amitiés, Minne

    RépondreSupprimer