Drôle de printemps


Que faire pour ne pas céder à l'ambiance anxiogène ? Quelques trucs maison, que l'on trouvera peut-être dérisoires, mais qui m'aident un peu...
Tout d'abord sélectionner les bonnes radios, surtout celles qui nous proposent des regards de philosophes ou de psychiatres sur les situations de crise,  on en retire bien souvent de précieux enseignements et certaines voix ont le don de nous apaiser ; mais notre nouvelle petite pensionnaire callopsite adore chanter de façon stridente pendant que nous écoutons la radio (c'est elle qui a raison, ce qu'elle dit pendant le journal télévisé est nettement plus joyeux). Nous l'avons appelée Diva.


Caresser le chat, il paraît que ça fait du bien (si ce n'est pas à vous, ce sera au chat).



Fuir les réseaux dits sociaux, les forums de tout poil, qui permettent certes aux gens de s'exprimer, ce qui va du meilleur parfois au pire le plus souvent : infos erronées, conseils délétères, prises de position irréfléchies, débats oiseux, galimatias sans intérêt, hélas parfois bave haineuse et vindicative.
Je préfère passer mon temps de confinement à des choses plus passionnantes :


Pour moi c'est le papier mâché, d'abord, et tant d'autres activités ; ce lapin exposé sur la fenêtre de la grange, côté chemin de randonnée, interpelle les rares promeneurs.


C'est aussi la lecture : en ce moment Giono m'occupe beaucoup, son rejet de la ville et du progrès me parle... Et que dire de ce titre d'Henri Miller, Printemps Noir ? Ce sera pour plus tard, je crois... Giono me passionne, et cette année c'est l'anniversaire de sa mort ((1970).

Nous fuyons les infos en boucle qui nous resservent du matin au soir le même brouet réchauffé et dont la principale préoccupation est de faire de l'audience. Les journaux télévisés ou radiophoniques  deux fois par jour pour nous tenir informés nous suffisent...


Puisque c'est malgré tout le printemps, je jardine : planter de jeunes pousses, regarder germer des graines dans des petits pots (ici ce sont des pois de senteur blancs), faire un peu d'exercice en bêchant un coin de jardin qui recevra suffisamment de soleil pour mûrir cet été des tomates, un autre facile à arroser pour les légumes feuilles, un troisième pour les aromates, un quatrième pour les cucurbitacées, un cinquième pour... la gamme des possibilités est infinie, mais attention à ne pas trop en faire au départ car il faudra entretenir ensuite.


Je ne suis pas très maraîchère mais je reconnais que cueillir sa salade ou ses radis dans le jardin, cela donne une petite impression d'autonomie, il suffit de quelques poules pour avoir ses œufs et l'on n'a pas besoin de stocker de méchants plats industriels, encore moins des surgelés, on a toujours sur place un minimum pour se nourrir. Vive la campagne !



Admirez l'exubérance de la clématite Armandi : un petit plant de 30 cm en janvier dernier (sur la  photo de gauche ce n'est pas une Armandi mais cette dernière était presque aussi frêle) une grimpante qui atteint le toit de la remise aujourd'hui, qui dit mieux ? Encouragée par ce beau résultat j'en ai planté toute une collection (affaire à suivre)...


Si j'osais (et j'ose, même si je sais que je ressasse) je reviendrais sur nos oies qui sont à la fois tondeuses, productrices d'engrais naturel, pourvoyeuses de très gros œufs, mais qui sont aussi réjouissantes à observer, un peu moins à entendre... merci mes voisins pour votre compréhension. Regardez le dernier œuf de Sidonie, n'est-il pas beau ?


En revanche vous n'entendez que rarement des vrombissements de tondeuse chez nous car, comme vous pouvez le constater, tondre n'est pas notre préoccupation première : je fais juste le tour de mes massifs avec ma petite tondeuse, le reste tient plus de la prairie que de la pelouse ; j'estime que le gazon ras, impeccable, c'est démodé car peu écologique ! Et que vivent les taupes qui m'offrent une excellente terre pour les pots de fleurs. Notre Nala adore les sauts d'obstacles, c'est son sport favori, il est vrai qu'il vaut mieux ne pas laisser son jouet préféré dans le parc des oies..


Se fatiguer dans le jardin permet d'oublier pour un temps tout le reste... C'est le Père Noël qui m'a apporté ce mûrier platane, il a l'air assez vaillant et fait déjà sa petite ombre.


La lavande et le romarin ont été plantés en pots, c'est plus prudent, je commence à comprendre que, même en étant bien plus au sud, les hivers des bords de Dronne sont moins cléments que ceux du littoral vendéen, la gelée blanche peut sévir jusqu'en mai...


Le potager n'étant pas encore bien productif, il y a une ressource quand on ne veut pas aller au supermarché : apprendre à reconnaître les plantes comestibles, les herbes sauvages, chercher à être inventif quand le frigo se vide... Plus rien pour ce soir qu'un peu de beurre, un fond de crème fraîche, le bac à légumes voit se flétrir un poireau fatigué ; le tiroir à patates est encore fourni, j'ai toujours quelques oignons et au moins une tête d' ail... Que proposer d'autre que les sempiternelles pommes de terre, reines avec les pâtes des temps de crise ? 


J'ai trouvé : au bout du jardin poussent des orties, une aubaine ! Il suffit, pour les couper avec des ciseaux, de se munir de bons gants de jardinier : un oignon émincé et un bout de lard (facultatif) qui rissolent, une pomme de terre (encore !) les rejoint, quelques bribes d'autres légumes s'il en reste (le poireau entamé et une branchette d'un petit pied de céleri du jardin qui, ayant résisté à l'hiver et aux poules, a bien voulu repousser) puis de l'eau, du sel et surtout une bonne quantité d'orties (en ôtant -toujours avec les gants- les plus grosses tiges) car elles diminuent beaucoup en cuisant. Faire bouillir puis laisser frémir jusqu'à ce que les petits morceaux de pomme de terre soient tendres, passer au mixeur, ça devient joliment vert, rajouter une cuillerée de crème fluide (ici mon reste de crème épaisse délayée dans un peu de lait). Rectifier l'assaisonnement. Servir brûlant (quant à moi je rajoute quelques croûtons aillés dans l'assiette au dernier moment). Surtout ne pas dire aussitôt aux dîneurs que c'est de l'ortie, attendre qu'ils se soient bien régalés... Et c'est une mine de vitamine C, de fer et de nombreux autres nutriments !
On peut aussi la mettre dans une quiche, ou même une pizza (pâte à pain et mozzarella, invention personnelle concluante d'après mes deux goûteurs qui sont en télétravail à la maison).
Dans un jardin qui ignore les brutalités de la tondeuse, il y a sûrement des pissenlits, n'attendez pas pour les cueillir qu'ils soient en fleurs, ce serait trop tard, ils seraient durs et amers. Vous pouvez faire une salade de pissenlits aux œufs : de jeunes pissenlits (cueillis dans un pré sans pesticides, dans notre jardin il n'y a pas de risques), des œufs durs, des noix, de l'huile de noix, une pointe d'ail (c'est ma manie, j'en mets partout), un peu de vinaigre si vous l'aimez. On peut aussi rajouter des croûtons (aillés, cela va sans dire).


Et pour terminer le repas, je vous propose une tarte à l'orange (cette fois l'ingrédient principal n'est pas dans le jardin, mais peut-être un jour aurai-je un oranger dans la grange, qui sait ?)
Faire une pâte brisée avec de la farine, du beurre, un œuf, un soupçon de sel et un peu d'eau, pétrir jusqu'à consistance d'une boule qui se détache du saladier. Aplatir la pâte avec un rouleau à pâtisserie et en tapisser un moule à tarte métallique. Laver deux oranges et les trancher finement (sans les éplucher si elles sont bio), récupérer le jus qui s'écoule pendant ce tranchage, le délayer avec deux ou trois cuillerées à soupe de crème et un peu de sucre (vanillé ou à la cannelle selon le goût) ; étendre cette crème sur la pâte et y ranger joliment les tranches d'orange ; s'il reste un peu de pâte on peut la découper en bandelettes pour faire des croisillons. Saupoudrer d'un peu de sucre, d'une pincée de cannelle éventuellement et enfourner dans un four bien chaud. Laisser cuire le temps qu'il faudra pour que la pâte soit  dorée. Déguster tiède.


Et puis une omelette aux morilles, c'est la saison, et puis un velouté de chou-fleur, et puis des pizzas de toutes sortes, salées ou sucrées, j'ai stocké quelques paquets de farine pour cela, et puis des galettes au sarrasin fourrées comme en Bretagne -lard et œuf. Je fais aussi mon pain quand j'ai quelques minutes pour pétrir la pâte. Autrefois j'allais au supermarché pour un produit oublié, maintenant, confinement oblige, je le remplace par autre chose sans que les papilles s'en plaignent...


Admirez la jeune floraison du magnolia sur fond de ciel si bleu qu'on dirait un printemps ordinaire... Fleurira-t-il au printemps prochain dans un monde redevenu viable ou nous consolera-t-il d'un monde resté peu fiable... à moins que ce dernier ne soit livré au diable...
Cultiver notre jardin n'a jamais été autant d'actualité, n'est-ce pas mon vieux Voltaire, j'en reviens toujours aux philosophes. Restons confinés, à bientôt !


8 commentaires:

  1. Les «Piou-Piou »,surnom affectueux de nos jeunes acquéreurs, sont venus ce week-end,avant la remise des clefs en mai ,nettoyer la propriété, retourner le jardin, planter de tout,imaginer l’emplacement de leur potager, cueillir des herbes, Ils étaient les plus heureux de la terre, tu les adorerais aussi!

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    1. Merci Laurence, je croyais t'avoir répondu mais c'était par téléphone (SMS), nous dérogeons de plus en plus, cette triste conjoncture crée des besoins de communication qui n'étaient pas dans nos habitudes, alors continuons n'est-ce pas... J'ai réussi à sortir un billet de blog mais je dois dire que le ton badin de mes lettres a du mal à s'imposer en ce moment ... Je vais essayer cependant de t'écrire mais le facteur se fait rare et la poste est fermée...

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  2. C'est en effet un drôle de printemps, la nature se réveille comme si de rien était et elle nous accompagne gentiment durant cette parenthèse, tant mieux pour nous :)
    Bonne journée
    AA

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    1. Merci AA pour pour ton commentaire, le seul mot sur lequel j'émettrai une réserve est ton adverbe "gentiment", pour moi la nature en ce moment semble plutôt indifférente au malheur des hommes, le printemps jusque là n'a jamais été aussi beau ! Nous l'avons assez malmenée pour qu'elle ne montre pas beaucoup d'empathie, si ça pouvait servir de leçon ...

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  3. Pasdeloup Valérie2 avril 2020 à 18:10

    Merci Monique pour les recettes, je vais tester notamment la tarte à l'orange, pour les "mauvaises herbes", il faut se lancer. Merci aussi pour l'ensemble du texte qui nous permet une belle balade dans votre jardin sans oublier la présence des animaux. Ils vivent dans un bel éden. Amitiés

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    1. Rebonjour Valérie, merci pour ta lecture et ton appréciation, et bonne réalisation de la tarte à l'orange, tu me diras leurs réactions... Essaie aussi les orties, en potage surtout, c'est une herbe facile à trouver ; regarde sur Internet toutes les propriétés de cette plante que l'on méprise pourtant ; cuite elle s'apparente aux épinards mais elle est plus riche en tout ! Bises.

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  4. Merci pour ton passage sur mon blog, un petit mot gentil fait toujours plaisir ! et merci pour cette belle balade dans ton jardin, parmi les plantations et en compagnie de tes animaux. Tu vis dans un bel environnement, rien de tel que la nature !

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    1. Merci LOlifa d'avoir apprécié mon petit univers champêtre et animalier qui nous permet de tenir le coup en ces temps difficiles. Mère Nature ne m'a jamais été aussi précieuse... Amicalement, Minne

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