Nala 03 - Les bonnes manières

24 mars

Voilà, je suis inscrite chez Instinct Canin, il paraît qu’au bout de quelques séances je ne ferai plus de bêtises et je saurai marcher intelligemment, toujours du côté gauche ; ça, c’est pas gagné, faites-moi confiance. C’est trop amusant de s’enrouler avec sa laisse autour de leurs jambes et de les empêcher d’avancer, c’est pas l’autre malin avec ses leçons à la noix qui va me priver de ce plaisir !

Aujourd’hui samedi grande première nalienne : j’ai fait ma rentrée ce matin à l’école des chiots, chez Daniel l’éducateur canin. Il y avait un superbe husky noir et blanc qui a tout de suite été mon copain malgré ses yeux en amande et sa gueule pointue de loup. Minne et Jean ont eu le même autrefois, un Alaska qu’ils adoraient, c’est peut-être pour ça que celui-ci m’a plu tout de suite. Un fox marron,  plus petit que moi, est tombé amoureux dès qu’il m’a vue : il est monté sur mon dos en frétillant de l’arrière-train ! Il sait, ce rustre, que c’est mal ? Il paraît que je suis encore un bébé !

25 mars

C'est dimanche :  première vraie balade à la mer avec Jean et Minne. Il faisait un grand vent qui soulevait des flocons de mousse, au début j’ai cru que c’étaient des papillons, j’en ai attrapé un, pas fameux. La mer poussait ses vagues de plus en plus loin sur le sable, nos huit pattes ont été rattrapées alors que nous marchions tranquilles au bord des festons blancs, « ne lèche pas Nala, c’est de l’écume. » Je goûte quand même, je goûte à tout de toute façon, je veux connaître toutes les saveurs, même celles que mes maîtres détestent (par exemple les fientes de poule). C’est salé, ça donne soif, c’est plein de grains de sable qui piquent la langue, ça me fait cracher… merci je n’y goûterai plus, Minne avait raison (ça arrive).


27 mars

Tout ce que peut atteindre ma truffe c’est pour jouer et me faire les dents :  pieds de chaises, coussins, câbles, joints, serpillères, manches à balai, bûchettes,  récipients en plastique, et encore je connais pas tout, il y a sûrement des matériaux que j’ai pas expérimentés… Ah ! j’allais oublier le papier, y en a partout ici. Mais je ne m’intéresse qu’à celui qu’on met dans la grande corbeille, celui qui ne sert plus qu’à allumer le feu. Je vis ici au milieu des livres et ça je respecte, c’est sacré les livres, j’ai compris dès le premier jour qu’il ne fallait pas y toucher. Ils ont l’air de bien les aimer, Minne et Jean, tous ces livres, ils mettent le nez dedans tous les soirs et ils peuvent rester très longtemps sans se parler, alors que Minne a toujours un truc à lui raconter d’habitude. Regardez Jean en train de lire, il a oublié que j'existe, c’est vexant... J'aimerais bien apprendre à lire moi aussi.


30 mars

Minne et Jean ont des poules : il y a du bon et du mauvais dans la poule : le bon c'est qu'elles pondent des œufs délicieux, on me donne un petit bout d'omelette parfois ; le mauvais est qu'elles ont une partie du jardin pour elles seules, interdit d'y aller pour jouer à les poursuivre. Il y en a une, la plus grosse, toute noire à reflets bleus, qui n’a pas peur de moi, qui franchit la barrière et s’approche sur ses grandes pattes jaunes ; je lui ferais bien sa fête à cette péronnelle à crête ridicule, mais elle a aussi un bec puissant, j’ai pas envie qu’elle me crève un œil. Regardez-moi cette arrogance, mais pour qui elle se prend ?

3 avril

C'était dimanche, matin  de Pâques, chez la grand-mère : j'ai vu dans le parc une drôle de bête qui m'a fait un peu peur au premier abord. Je m’approche, à demi-rassurée, elle vient me flairer...  puis comme je lui plais elle fait trois cabrioles et m’entraîne dans une course folle tout autour de la maison ; elle a des pattes démesurées, elle est obligée de m’attendre pour que je continue à la poursuivre, c’est aussi amusant qu’au club canin mais avec un seul chien pour moi toute seule ; elle s’appelle Mara, j’ai joué souvent avec elle pendant ces trois jours, elle doit bien me regretter maintenant que je suis rentrée chez moi. Moi j’aime bien qu’on me regrette…


10 avril

Minne fait des plats qui sentent trop bon mais je n’ai pas le droit d’y toucher, tout ça c’est pour elle et Jean, leur vétérinaire le leur a pas interdit à eux, ils mangent toujours des choses que j’aime (mais j’aime tout, même les endives cuites, même l'ail du tourin, même les fraises…). Quand elle apporte le plat sur la table j’ai du mal à résister, je mets deux pattes sur le bord et je regarde et je renifle même si l’on me gronde. J’ai tellement grandi que j’arrive maintenant à voir tout ce qu’ils mettent sur la table, il leur en faut des trucs pour un seul repas ! Pourquoi j’ai pas un couvert moi aussi, puisqu’il paraît que je suis de la maison ?

20 avril

Comme je fais des progrès tous les jours on m’emmène en Italie, c’est sûr maintenant, d’ailleurs j’apprends l’italien le soir avec Jean, il lui arrive de me parler en italien pour que je m’habitue. On a acheté un filet pour la voiture, je pourrai plus mettre mes deux pattes sur la boîte à gants comme j’aime pour regarder le paysage et surtout être entre eux deux et leur dire des choses humides à l’oreille. Mais le moins drôle est qu’il faut m’acheter une muselière pour aller sur le vaporetto à Venise…


Je m’en serais bien passée, mais si je veux voir les pigeons de Saint-Marc il n’y a pas d’autre solution, c’est obligatoire il paraît. Comment on fait pour aboyer quand on a le museau dans une muselière ? Ça c’est le côté pas drôle de l’Italie… Je vous raconterai, Minne a dit qu’elle allait tenir mon journal au jour le jour...

27 avril

Mais avant de partir en Italie nous sommes revenues en Périgord ; Minne a visité plein de maisons et je me suis un peu ennuyée dans la voiture ; à un endroit pourtant nous avons été accueillies bruyamment par une douzaine de gros chiens à crinière de lion, des roux, des gris, des noirs, alignés contre leur clôture, chez le voisin ; Minne a dit « oh ! les jolis chow-chows , ils seront nos gardiens si nous achetons ici » (et moi alors, à quoi je servirai ? Elle est vexante parfois…). Moi j'aime bien les gros chiens, ils savent mieux jouer que les petits. En rentrant de la plage l'autre soir on en a trouvé toute une grappe qui poussaient des aboiements d'oiseaux ; que j'aimerais pas être un petit chien ! Il n'y a pas de risque, il paraît que je vais grandir encore.

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