Le jardin de Minne


Quelques plumes...

Notre maison, c'est aussi la maison des oiseaux : au fil des saisons ils semblent se donner rendez-vous dans le jardin, quand ils ne viennent pas explorer notre intérieur : il n'est pas rare en été de voir une hirondelle égarée voleter entre les poutres du séjour.

25 juillet


Les poules, bonnes filles, semblent apprécier la compagnie des tourterelles et autres palombes qui viennent quotidiennement s'inviter à leur table. Ici c'est Houppette, une grasse Faverolles de six ans, qui ne pond plus depuis longtemps et vit une retraite paisible ; beaucoup l'auraient déjà mise au pot !


Un jour une pie ou un geai, plus rarement une huppe, souvent des merles qui font leur nid dans la haie proche, tous sont acceptés également. Les poules seraient-elles plus tolérantes que les hommes ? (à commencer par moi qui éloigne régulièrement les canards des voisins : qu'ils viennent picorer dans la basse-cour, passe encore, mais nager dans la piscine, non ! En juin, une cane et six canetons, qui venaient de naître, à la queue-leu-leu sur l'eau bleue... La mère sortit de l'eau quand elle me vit, je dus repêcher les petits un à un avec un filet.) 


Une autre fois, en automne, ce fut un superbe faisan au plumage vernissé, peu farouche car sans doute lâché depuis peu et ayant  échappé aux massacreurs dominicaux, qui s'aventura jusqu'à nos baies vitrées, intrigué par son propre reflet. Je ne le revis plus jamais...

5 août


Deuxième nichée d'hirondelles sous l'auvent de la terrasse ; il y a déjà eu une dizaine de petits dans les deux nids de la remise ; tous les soirs nous avons droit à un ballet gratuit dans le jardin, ces vaillantes acrobates nous débarrassent de quelques moustiques. Si j'ai bien compté, avec trois nids nous avons bien "produit" plus de cent cinquante hirondelles en six étés olonnais.



La nuit venue, elles se perchent n'importe où, sur un vieil abat-jour dans la remise ou un rebord de poutre ; familières, elles assistent parfois à notre dîner sur la terrasse.

10 août


Les kakarikis vivent dans de grandes cages d'où ils sortent parfois en été pour une petite virée sur les toits (en hiver ils ont droit à quelques moments de liberté dans le séjour) ; ils rentrent ensuite bien sagement au bercail, pressentant sans doute qu'ils n'auraient aucune chance de survie au-dehors. En ce moment ils se barbouillent le bec de bleu : c'est la saison des mûres.


16 août


Les passereaux sont nombreux à venir picorer les graines délaissées par les grandes perruches, se montrant moins difficiles qu'elles ; c'est l'été, mésanges et rouges-gorges ont disparu du jardin ; je suis confiante, comme tous les ans les premières fraîcheurs de l'automne les ramèneront près de la maison et j'entendrai zinzinuler au moindre rayon de soleil : même en hiver la petite charbonnière annonce le printemps, son cri strident sur deux notes m'a toujours ravie.



En mai dernier ce sont sept mésangeaux qui sont sortis d'un petit trou dans la muraille, derrière une clématite ; éblouis par la lumière, ils se perchèrent sur les premiers supports qu'ils trouvèrent, exerçant leurs minuscules ailes avant de s'envoler je ne sais où.

18 août


Une tourterelle, plus hardie ou plus affamée que les autres, s'est aventurée jusqu'à la gamelle du chat, qui heureusement faisait sa sieste à ce moment-là.

20 août


Un petit faucon crécerelle attend sagement que son aile gauche se rétablisse. Il a de jolis yeux ronds – on dirait qu'il pense – et avale goulûment la viande que je lui tends au bout d'une pique en bois plusieurs fois par jour. Quand il sera totalement guéri je devrai me résoudre à lui redonner sa liberté, dans un centre de réadaptation d'abord, puis dans la nature.

21 août


Une seule fois (en six ans)  un vol de sept bernaches nonnettes se posa en mars dans le champ qui jouxte notre jardin : ces demoiselles voilées restèrent quelques jours, l'une d'elles portait un curieux appareillage, certainement une balise Argos ; je ne vis cette dernière que les deux premiers  jours,  le surlendemain les nonnettes n'étaient plus que six... Je signalai leur passage mais cela sembla  n'intéresser personne d'autre que nous. Elles repartirent vers les contrées arctiques.
23 août


Ce canard en papier en cours de fabrication qui contemple l'eau turquoise, c'est la réplique de Savinien, qui avant Noël errait solitaire dans un village charentais, certainement  échappé d'un élevage en batterie, et qui pouvait à peine traîner sa carcasse alourdie ; remis sur pied, le foie désengorgé, il partit vivre sa vie dans les marais proches.

Et tant d'autres oiseaux encore...

Et aussi des fleurs...

Quelques fleurs qui enchantent un jardin un peu sauvage que les poules fertilisent chaque jour et débarrassent des indésirables ; évidemment ce n'est pas un potager, je craindrais pour les salades et les fraises... Il y a des limites à la coopération de la basse-cour.

27 août


Toutes petites, si finement striées, si frêles en apparence et pourtant bien plus résistantes que d'autres, les pensées n'ont pas peur de l'hiver ; comme leurs cousines les violettes elles peuvent fleurir sous la neige.


La plus précoce des clématites, la merveilleuse Armandi qui a la générosité de garder ses belles feuilles sombres en hiver et qui vous gratifie d'une avalanche d'étoiles blanches dès la fin janvier quand le jardin dort encore (du moins ici près de l'Atlantique, peut-être sa floraison est-elle plus tardive ailleurs...)


Un coussin parme, surgi dont ne sait quel petit plant que j'avais oublié dans une jardinière ; j'ai bien failli l'arracher lors du nettoyage de printemps, je croyais que c'était une mauvaise herbe ! C'était une campanule des murailles.


En mars dernier, le camélia d'une jardinière éclaira la fin de l'hiver, annonçant les premiers boutons de rose. Souvenir de la Traviata... Normal, il fleurit en même temps que les violettes.


Le prince des rosiers qui a pour nom celui du prince des poètes, Ronsard ; mais ses fleurs sont si lourdes qu'elles baissent la tête en vieillissant, surtout sous la pluie...


Une merveilleuse petite clématite peu connue qui fleurit longtemps ; celle-ci abrita au printemps une nichée de mésangeaux dans une cavité du vieux mur. Elle porte un joli nom, Marjorie.


Le rosier Etienne, création de mon rosiériste vendéen favori, acheté dans un petit pot il y a seulement trois ans et qui envahit maintenant tout un coin du jardin ! Mais qu'il est donc méchant, avec lui il faut prendre des gants !


Ce rosier a été trouvé par mon amie Annie près d'un calvaire ; elle m'en a donné une bouture, la floraison ne m'a pas déçue : ce sauvageon est l'un des plus florifères !


A peine réveillée, si fragile, menacée par le vent comme par la pluie, l'éphémère pivoine.


Nelly Moser voisine  avec Madame Lecoultre : que peuvent-elles bien se raconter sinon des histoires de clématites...


Belles dames altières de juillet, les roses trémières colonisent les endroits les plus improbables ; on s'étonne de ne pas en voir davantage le long de nos murs dans les villages de l'ouest. Il est vrai que les désherbeurs sont peut-être plus nombreux que les poètes...


Non, ce n'est pas un rosier de mon jardin, mais celui de notre hôte Baggio en Toscane, au mois de mai. Je n'ai pas résisté au plaisir de le voir ici, parmi les fleurs de mon jardin.


Vous n'en aurez pas le parfum, tant pis pour vous. Quelques pétales de rose de Rescht sur une panacotta au sirop de rose, petite gourmandise facile à réaliser et si poétique...


Un joli nom pour un joli rosier pratiquement sans épines mais aussi sans parfum : son intérêt réside dans son dynamisme (il a recouvert le toit du poulailler en deux saisons) et surtout dans le camaïeu qu'il propose : des boutons corail, de jeunes fleurs saumonées qui virent progressivement au blanc en vieillissant. C'est Ghislaine de Féligonde.


Les  lys que Danielle m'a offerts en pot cet hiver m'ont gratifiée d'une nouvelle floraison en juillet ; ils sont encore plus grands, encore plus parfumés, surtout au crépuscule, et ont duré longtemps, faisant le bonheur des abeilles.


- Oh ! Quelle exubérance ! Que mets-tu comme engrais pour avoir de si beaux pétunias ?
- Rien d'autre que la litière souillée du poulailler, qui les protège et les nourrit en même temps. Je n'achète plus aucun engrais depuis longtemps.

 

Merveilleuses corolles sombres de l'ipomée dans le matin d'été ; la plante escalade vaillamment le treillage et le voudrait plus haut encore.


Liseron ? Convolvulus ?  En tous cas les fleurs s'épanouissent dès l'aurore et ne sont plus que de pauvres corolles fripées sous les ardeurs du soleil... Plutôt que belles-de-jour, je les appellerais  belles-du-matin.

Et tant d'autres fleurs encore...


Et pour terminer, petit rappel de plumes avec la  mascotte du jardin qui est venue en janvier se cogner contre une vitre du séjour. Le rouge-gorge s'est remis et m'a fait des visites régulières jusqu'en mars. Perché sur l'une des plus hautes branches du tilleul, il me chantait l'aubade tous les matins.

2 commentaires:

  1. Voilà un blog que je découvre grâce à Marie, et bien sûr, c'est le jardin qui m'a attirée en premier, mais pas que...je reviendrai!
    Bonne journée, Véro.

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    1. Merci Véro pour ce commentaire sur un article qui n'est pas des plus visités, à bientôt dans mon nouveau jardin (en Périgord).
      Amicalement

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