Un Noël de papier

Fin novembre

Et d'abord...  revenons un peu en arrière pour vous offrir la magie d'un matin d'automne, vue depuis la terrasse juste avant la chute des feuilles des grands frênes qui bordent la rivière... Le spectacle fut grandiose, il ne dura que le temps d'un rayon de soleil entre deux nuages, à peine une minute...

Puis  tout s'éteignit... Ainsi va la vie...

Quelques jours plus tard, après une nuit venteuse, nos frênes sont gris et dépouillés sous un ciel redevenu bleu... et surprise, découverte d'un nid géant au sommet du plus grand arbre... J'aime bien qu'on fiche la paix aux bêtes, mais là je reste perplexe, je pense aux abeilles : et si c'étaient des frelons asiatiques ? Je l'ai signalé à la mairie.

 

Ce dimanche de novembre il faisait un temps pourri, j'ai pris une autre photo depuis ma terrasse, l'hiver qui approche a effacé toutes les couleurs, on dirait un cliché en noir et blanc. On a du mal à se dire que ce sont les mêmes arbres...

 

Même la befana n'osait pas s'envoler... Quant au bougainvillier, il montre une certaine bonne volonté pour apporter sa petite touche de rose mais il aimerait certainement une contrée plus ensoleillée. Tout est brouillé, tout est froid et humide, décembre c'est demain, Noël approche... il serait temps de se mettre au travail.

Parenthèse féline : pour Tigrette le programme est inchangé, sieste sur le canapé fleuri entre deux rasades de pâtée, qu'il pleuve ou non... Une vie de  matou, il n'y a pas à dire, ça a du bon, pas étonnant qu'elle joue les prolongations (18 ans !)

Début décembre

Comment avons-nous pu vivre si longtemps sans notre grange ? Dès le matin elle nous aimante, surtout lorsqu'il fait froid dehors et que le poêle ne se fait pas prier pour se mettre à ronfler... Elle reste notre thébaïde, cette grange dont le côté capharnaaünesque nous plaît bien, n'en déplaise à tous ceux qui aiment l'ordre et la rigueur ; c'est un désordre intelligent où chacun retrouve ses petits, Jean ses dossiers, ses disques, ses tubes et ses pinceaux, moi mes créations en tous genres et mes mille matériaux qui attendent le recyclage, sagement rangés dans la grande armoire ou dispersés un peu partout sur mes tables. D'abord un grand nettoyage, un peu de rangement (pas trop) dans ce qui sera mon laboratoire et mon show-room de Noël.

J'ai déjà dit combien travailler le papier me détendait et me réjouissait, mais je manque de temps pour faire tout ce que je voudrais faire ; j'ai la mauvaise habitude de commencer plusieurs choses à la fois et de ne les terminer que beaucoup plus tard, j'aime les débuts sans doute, le moment où tout est dans ma tête. Il est arrivé que sorte de mes mains non ce que j'avais d'abord envisagé mais une création totalement différente...

Celui-ci devait être un trophée de chevreuil...

Après moultes heures de travail, guidée par les explications certes précises mais en anglais de ma coach d'un atelier en ligne (Laetitia Miéral), j'ai commis une tête de vache ; je ne suis peut-être pas très douée en papier mais j'ai surtout quelques lacunes en anglais. Remisée au grenier, la tête faillit bien des fois partir à la déchetterie...

Ne renonçant jamais, récemment prise d'une inspiration subite (merci Marc) je relookai ma bovine pour en faire un mouflon... et puis basta, j'ose enfin l'exposer, et qu'on ne me dise pas qu'il est raté... je l'aime comme il est, j'y ai passé tant d'heures que je m'y suis attachée... D'ailleurs j'ai projeté d'aller rendre visite bientôt aux mouflons du Sancy, j'espère les voir courir dans la neige... Peut-être serai-je plus inspirée alors pour terminer celui-ci...

Peu importe, c'est du travail d'amateur, mais un travail qui me fait oublier tout le reste ; la grange se peuple, elle est devenue un vrai zoo de papier !

Paonne ou pigeonne couvant ? Ce qu'il vous plaira...

Cette année encore beaucoup de plumes et d'oiseaux, un renard au regard inquiétant, la réplique miniature de ma basse-cour, et toujours mon paon blanc qui s'est refait une beauté depuis que j'ai acquis une certaine patience pour faire des plumes une à une... Il trône dans la vitrine, un peu froissé de voir passer des marcheurs qui l'ignorent. Ces derniers foncent, armés de leurs bâtons, et ne regardent guère autour d'eux... Ils aiment la campagne, disent-ils.

Comme support, du bois et des végétaux rapportés des promenades quotidiennes avec Nala...

Notre chemin est bordé de grands arbres au tronc tapissé de lierre, ces derniers ne m'en voudront pas de prélever de longues lianes de leur assaillant pour ma déco extérieure, le papier ne supportant pas une exposition prolongée au-dehors. Ces arbres centenaires, des chênes pour la plupart, ont été préservés le long de "mon" chemin, voie communale qui a été respectée (jusqu'à maintenant du moins). Je n'aime pas voir couper des arbres... Aussi ai-je décidé de ne pas faire de sapin traditionnel : coupé il est mort, replanté dans un jardin il n'est pas à sa place (comme ces pauvres oliviers que l'on a acclimatés un peu partout)...

Mon arbre de Noël sera donc cette année différent, puisque c'est un Noël qui n'est pas comme les autres, puisqu'il serait temps que nous réagissions au saccage de la nature...

Récapitulons : dans la grange les créations de papier qui ne demandent qu'à être terminées, dans le jardin du houx, des hortensias et des baies d'églantier, dans le grenier les guirlandes et les boules des autres années, sur le chemin des branches mortes et du lierre à foison, tout ce qu'il faut pour donner un air de Noël dès maintenant sans prendre la voiture...  

Au premier plan un tableau de Jean (inachevé), une terrasse ouverte sur Venise (un peu d'évasion, un soupçon de nostalgie), à gauche ma table de travail, toujours encombrée, devant laquelle je passe le plus clair de  décembre pour compléter mon arche de Noël...

La basse-cour en papier répond à la vraie qui s'active derrière la maison : les poules grattent frénétiquement les massifs ébouillantés par le gel pendant que les coqs cherchent à les attirer par un petit gloussement amical et gourmand pour les "honorer" ensuite sans ménagement ; puis ils s'ébrouent et repartent vers un improbable ennemi en faisant les beaux... pendant que les poules remettent leurs plumes  bien en ordre. Je ne me lasserai jamais de l'observation des bêtes...

Palmes d'or des canes

Woody tel qu'il croit être...

Woody tel qu'il est...

 

 Chez nous les coqs ne finiront pas dans le vin, la vieille poule ne frémira pas dans un pot-au-feu, les oies ne seront pas gavées... de là à dire que nos repas de fin d'année seront végétariens... ce serait exagéré. 

Et toujours des oies : un joli porte-serviette brodé finement par Marie qui a trouvé sa place pour protéger mes écheveaux dans ma boîte à couture. 

.

Le vieux balcon disparaît presque sous les feuillages. Les hellébores seront-ils aussi paresseux que les ipomées de l'automne ou fleuriront-ils bientôt ? En voici un qui semble plus précoce que les autres..

Il est vrai que je l'ai forcé à fleurir, protégé la nuit par sa cloche (et je l'ai débarrassé de ses feuilles, j'ai l'impression qu'il produit ainsi davantage de boutons).

Enfin nos pseudos sapins, très écolos : celui de la grange est en fleurs d' hortensias, celui de la maison en bois, la création relookée d'un atelier de réinsertion voisin...

Devant la grange, une branche de frêne décorée trône dans une marie-jeanne. 

Cependant ce qui nous manque le plus, c'est la délicieuse odeur de résine d'un vrai sapin...

Le vieux  portail et la marquise baroque ont tenu eux aussi à avoir leur habit de lierre.

La fenêtre de la grange, ma vitrine parée de blanc (faute de neige) :

Voilà, c'est  notre Noël de crise, notre Noël restreint, notre Noël quand même...

Passez de bonnes fêtes, soyez prudents, maître Covid rôde encore, sournois et imprévisible... 

A l'année prochaine si tout va bien !