Fantaisies pour une grange


La grange a été débarrassée de ses atours de Noël mais n'est pas dépouillée pour autant... Comme elle est avant tout un atelier, elle a dû être équipée en conséquence, avec des tables à dessin, des bureaux et des meubles de rangement ; étant aussi un séjour, elle a accueilli deux confortables canapés... Plus de place pour la grande table ronde que j'avais prévu d'y installer, donc pas de table de fête pour le moment...
Quelques détails pour commencer...



Accroché à sa poutre chaulée, il a fière allure, ce lustre à pampilles totalement démodé que j'ai acheté pour presque rien l'été dernier sur un vide-grenier ; finalement, ce sont les ampoules à basse consommation qui ont été les plus onéreuses...

Mais comme il s'ennuyait tout seul sous sa poutre, nous lui avons offert une grande suspension en fer forgé et un lustre vénitien, tout aussi désuets que lui.


Dire qu'autrefois cette grange n'était éclairée que par une seule ampoule, "et c'était déjà un grand luxe !" nous disait l'autre jour un fringant grand-père de 90 ans ! Tout ça n'est pas très raisonnable, aussi n'allumons-nous les quinze ampoules que pour les grandes occasions...

Le voici, mon fauteuil préféré, tel que je l'ai rapporté à la maison. Il était en satin broché au temps de sa splendeur, trônant sans doute avec ses congénères chez un notable aussi pansu et rubicond que lui...
Puis abandonné, défraîchi, ses ressorts fatigués, son bois noirâtre et crasseux. Il croupissait sous la poussière d'un dépôt-vente. Je l'ai adoré tout de suite...


















Il fallut  ôter les clous, le décharner entièrement, poncer le bois ; mais comme j'étais novice en la matière, je le peignis avant de le déshabiller... Puis entrecroiser des sangles,  brider des ressorts, poser du crin, tendre de la toile, enfoncer les semences dans un bois qui en avait vu bien d'autres, un travail de patience... Enfin l'habillage définitif, un précieux chintz à reflets moirés, un tissu luxueux pour une grange rustique, j'aime les contrastes..


Et voilà le travail...
Ce résultat est assez satisfaisant, j'en restaurerai d'autres (j'ai le matériel maintenant, je vais repartir en quête de vieux fauteuils). J'aurais dû être tapissière...

Pour les grosses pièces il fallut d'abord louer un fourgon : un vaisselier dormait dans une grange en Corrèze dans un amoncellement de vieilles charrettes et d'outils rouillés...


Nous l'avons rapporté en même temps qu'une maie qui permet du rangement et soutient les étagères à disques, car Jean est un collectionneur.




Le bas du vaisselier avait les bonnes dimensions pour que nous ayons pu y encastrer l'évier de la cuisine (voir "Mes bidouilles"), le haut, repeint et patiné lui aussi, est très utile pour le rangement de mon atelier... Mais il n'a pas encore son support, un vieux meuble de mercerie qu'il faut d'abord repeindre.




Pour les rideaux j'avais depuis longtemps des anneaux de cuivre bien anciens chinés sur un vide-grenier en Sologne ; j'espérais en dénicher d'autres mais impossible d'en trouver : "Mais madame, on fait maintenant des oeillets clipsables, c'est plus tendance" m'a-t-on asséné avec un regard de commisération... Je n'ai pas dit que je n'aimais pas le plastique. Pour mes prochains rideaux je patinerai des anneaux de bois.


Parfois je m'interroge : à quoi bon tout ce temps passé à retaper des objets d'une autre époque quand les magasins regorgent de nouveautés alléchantes ? Je n'ai pas le culte d'autrefois, du moins pas à ce point ! Mais tel objet qui a vécu me parle, les autres ne me disent rien. Et c'est le temps passé à le rafistoler qui me le rend si précieux, non l'argent que j'aurais dépensé pour l'acheter neuf dans une belle enseigne...
Et s'il est rayé, s'il a souffert d'un déménagement, ou s'il est détérioré par de jeunes crocs, pas de  problème : un peu de pâte à bois, un soupçon de peinture, un zeste de patine et le tour est joué...


Notre univers ne ressemble à aucun autre, il suscite des regards plus ou moins approbateurs, je reconnais qu'il est assez chargé, pas très feng shui, diraient certains, mais il est unique, il est le reflet de ce que nous sommes. Jean aime travailler entouré de ses tableaux, il en a accroché trop sans doute, ils submergent les belles pierres, mais c'est Jean...  




Mon joyeux pêle-mêle de créations en tous genres répond à son ordonnancement assez strict de tableaux ; cette grange, c'est nous... Cette profusion ne nous dérange pas, nos objets ont enfin trouvé leur lieu de prédilection ; dire que nous avons déménagé tout ça !

 


La grange tant espérée est devenue notre havre de paix et d'inspiration... Elle nous semble un peu petite maintenant qu'elle est pleine comme un oeuf,  mais elle est d'autant plus douillette malgré sa belle hauteur de plafond.

J'allais oublier l'essentiel, la pièce manquante du Noël à la Grange aux Oies, le poêle, l'énorme bête qui vient compléter ma ménagerie... pour un peu je lui peindrais des yeux...


C'est un univers très personnel pour un prix plus que raisonnable, la seule folie étant la bête noire ci-dessus : le matériel, les pots de peinture et les tissus ont coûté plus cher que la plupart des meubles ; il m'a fallu beaucoup de temps car j'avais une compétence quasi nulle au départ mais j'ai bénéficié des précieux conseils fournis par quelques professionnels sur la toile (j'ai aussi déploré quelques ratages)...




Ma table de travail et mon établi sont toujours encombrés, mais je me retrouve dans mon apparent désordre. Rien n'est jamais figé, tout peut encore changer, en fonction des  futures créations.

C'est un atelier certes, mais aussi  un séjour avec un coin salon bien accueillant pour le thé après une balade au crépuscule dans Brantôme glacée.
 




Nous l'ouvrirons sans doute un jour aux marcheurs et aux cyclistes de passage. Notre sentier de randonnée aura peut-être alors le joli nom de "chemin de la Dronne", en tous cas c'est le nom que nous lui donnons dès maintenant...

La maison des Pipistrelles ne détonnera pas, elle sera tout aussi DIY que la Grange aux Oies... Au fait, où sont les oies dans ce billet ?






En voici  quelques-unes sur canapé, avant qu'elles ne soient terminées et ne prennent leur envol vers d'autres lieux.

Les vraies, mes muses palmées, expriment parfois leurs sentiments à leur façon... pourvu que nos voisins soient plus tolérants que ceux qui ne supportent pas le chant du coq ou celui des grenouilles... Mais que sont-ils donc venus faire à la campagne, ces gens-là ?


A bientôt !

6 commentaires:

  1. bjr,quelle jolie grange et quel plaisir ce doit être de s'y réchauffer près du poêle, evidemment comme vous le dites elle ne plairai pas à tout le monde mais elle vous ressemble et c'est bien de savoir se créer un lieu de vie à notre image loin de tout les stéréotypes qu'on nous propose à la télé ou dans les magasines; c'est un lieu vivant; bonne journée

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    1. Bonsoir Marie, il est vrai que je n'aime pas les lieux figés pensés par un spécialiste de la déco, je regarde rarement les émissions sur la maison, je préfère certains magazines où je puise parfois des idées, mais je me laisse surtout guider par mon intuition, l'essentiel étant que nous nous y sentions bien. Merci pour votre commentaire, amicalement.

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  2. Quelle chance d'avoir un tel endroit chez soi ! Un lieu pour rêver, bricoler, créer, imaginer, peindre, lire, tapisser, broder, et boire un bon thé fumant quand il fait froid dehors. Un lieu pour se sentir bien tout simplement. Bonne idée que celle de l'ouvrir à des hôtes de passage qui , nul n'en doute, trouveront appréciable d'avoir une aussi agréable halte sur leur chemin.
    J'ai un grand garage dans mon jardin, un bâtiment moche et en piteux état ( le toit laissant passer de l'eau ) dans lequel vit un joyeux bric à brac ( outils de jardin, vélos, affaires des enfants, stock de tissus pour coudre etc etc... ) et je me dis qu'il serait si agréable depouvoir le transformer en lieu de vie comme la grange aux oies. Les travaux sont hélas un peu trop importants et hors de portée de mon budget mais cela ne m'emêhce pas de rêver ! Bises Marie *

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    1. Bonsoir Marie, il est vrai que la grange était la priorité des priorités lorsque nous cherchions à acheter, et que notre choix était discutable en ce qui concerne la maison, petite et sans beaucoup de caractère, mais ce sont la grange et la rivière qui nous ont séduits d'emblée... Ta maison bleue est magnifique, j'envie tes colombages, quel cachet ! Tu pourras toujours plus tard donner un peu de pep's à ton garage ou l'enfouir sous les grimpantes, en attendant il semble bien utile comme remise. Merci pour ton commentaire, j'ai beaucoup de lecteurs mais peu de commentateurs. Amitiés, Minne

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  3. Chère Minne,
    une véritable caverne d’Ali Baba sortie des mille et une nuits, cette grange ! Wahouhhhh
    Tu sais combien j’admire ta philosophie DIY, bravo!
    Ces trésors sont VOTRE univers, à Jean et à toi,VOTRE refuge à tous les 2. Et je me suis sentie « voyeuse »devant des photos prises dans un cadre si intimiste...

    Votre précieuse tanière bénéficie d’un bel éclairage grâce à ce magnifique lustre à pendeloques que j’aime beaucoup. Aux beaux jours, elle s’ouvrira bien sûr à la clarté des journées ensoleillées, lumière naturelle pour un nouvel eldorado métamorphosé.
    Soyez inspirés pour toutes vos prochaines réalisations dans votre grange «  revisitée» où il fait si bon vivre...

    Ta fidèle Lô ��

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    1. C'est vrai Lô, nous y sommes si bien que nous oublions le reste du monde (et parfois aussi, plus prosaïquement, la casserole sur le feu dans la cuisine)... mais je n'oublie pas de t'écrire, la prochaine lettre est en chantier, tu la recevras bientôt.

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