Un été malgré tout

Ce fut le pied, malgré tout...

Ce fut un été gourmand, à deux ou partagé avec des hôtes en transit ou en séjour. La cuisine qui donne sur le jardin n'est pas un lieu si désagréable, j'y ai passé de longues heures à gratter, peler, éplucher, émincer, morceler, bouillir, blanchir, saisir, rôtir, griller, touiller, confire, compoter, réduire, goûter, découper, trancher, présenter et j'en passe... Tout cela ne me dérange pas, au contraire... mais faire les courses (aux heures creuses et masquée), pousser des chariots (penser à se désinfecter les mains), tout ranger (après stagnation des cabas dans l'entrée), quelle barbe ! 

Heureusement,  j'ai eu (parfois) de performants auxiliaires... 


Ce fut l'été de la porchetta (plat italien, on s'en doute) et du poulet au citron, recettes éprouvées et inratables, accompagnées de tians de légumes ou de bettes simplement sautées à la poêle, juste un peu citronnées pour masquer l'arrière-goût de terre qui ne plaît pas à tout le monde. 

Ce fut l'été des grillades, faites au ras du sol et pas seulement par manque de barbecue : les poules adorent s'ébrouer dans la cendre, il paraît que c'est bon pour elles.

Ce fut l'été des entrées apéritives, bouchées et petites soupes froides, ou encore vite préparées comme des encornets sautés avec persillade et chorizo ou encore du carpaccio de filets de truites locales arrosées d'une huile de noisettes tout aussi locale, donc forcément délicieuse (chauvine va...)

Mais l'entrée phare de l'été ce furent tout simplement les tomates du jardin (non je ne les ai pas photographiées, elles n'étaient pas photogéniques), enfin de vraies tomates à goût de tomates, sucrées, parfumées, pas aqueuses du tout et pour cause : absolument PAS d'arrosage (juste au tout début pour les démarrer, c'est tout). Nos visiteurs ont considéré d'un œil apitoyé mon drôle de potager désordonné ; on est resté perplexe devant mon refus d'arrosage, dubitatif devant mes pauvres pieds (de tomate) assoiffés le soir, requinqués le matin. J'ai failli craquer en voyant dès la première quinzaine de juillet de grosses tomates rouges, sans défauts, dans les jardins voisins. Les miennes ne payaient pas de mine sous leurs feuilles recroquevillées... Le soleil ardent d'août a bien failli me les achever, elles blanchissaient au lieu de mûrir, et j'attendais toujours qu'elles rougissent quand je me suis souvenue que j'avais planté des noires de Crimée et des jaunes. Mais elles restèrent vertes un bon bout de temps, je les avais plantées trop tard. Et puis vers la mi-août les premières s'annoncèrent enfin, délicieuses, me réconciliant avec mon potager sans entretien : laissées en liberté sur leur paillis protecteur mes tomates ont donné leur meilleur, nous en mangeons encore !

Il est vrai que le jardin potager avait été bien retourné au printemps par mon bêcheur préféré qui confinait chez nous et savait se rendre utile lors de ses pauses... Pendant son séjour d'été il a manié comme un pro la débroussailleuse... tout en respectant les espaces dédiés à la biodiversité.

Ce fut l'été des desserts naturels : exit la gélatine et l'agar agar, souvenirs de ratages mémorables ; ma panna cotta dorénavant est faite avec du blanc d'œuf et cuite au four ; ici petit coulis et salade de fruits rouges pour couronner le tout.

Les pommes de cinq heures, un dessert extraordinaire, nature ou accompagné de chantilly ou de crème anglaise.

Le secret ? Deux douzaines de bonnes pommes, beaucoup de patience pour les peler et les trancher, un peu de sucre et un peu de beurre, c'est tout. Au four dans un bain-marie pour cinq heures à cuisson lente et sans surveillance. Vous n'aviez jamais mangé de pommes auparavant, c'est un velours, que dis-je une ambroisie de pommes... S. en parle encore (je lui en referai).

Ce fut l'été des amis : C. qui sous un soleil de plomb entreprit de désherber le massif sous les cyprès (dit pompeusement "toscan") avec l'assistance un peu encombrante de Nala... ;

A. qui coacha Jean pour des séances de gainage et photographia avec brio toutes les fleurs du moment.


V. qui m'aida à installer l'apéritif des voisins tout au bord de la Dronne...

L. qui m'offrit Noël en septembre, arrivant avec une hotte de présents personnalisés (et un cheese cake à la banane absolument délicieux)

L. et R. qui nous apportèrent toutes les saveurs pyrénéennes... 

Et encore cette soirée mémorable de tarot sous les étoiles, animée par des airs de mandoline d'abord (repas italien oblige) puis par Elvis (il y avait une inconditionnelle) et les hululements  des chouettes. Jusque tard dans la nuit les joueurs eurent des spectatrices attentives et concentrées, assez silencieuses mais qui parfois ponctuaient leurs rires  d'un cacardement strident...

Sagement alignées, elles venaient écouter tous les soirs nos propos de table mais ne répèteraient rien. Elles aimaient assister à tous nos dîners extérieurs ; devenues très sociables, elles acceptaient nos convives et attendaient sagement les peaux des melons, leur friandise favorite.

Et puis les autres bêtes : le vilain petit coq se remplume, il ne lui manque plus qu'une belle queue  frisée et il sera au top pour la poulette que je vais lui présenter bientôt, une demoiselle Bantam évidemment. Il est pensif et soucieux, il attend sa belle, sera-t-il à la hauteur ?...

Les poulets de soie grandissent, le coq pousse de drôles de cocoricos ; la poulette qui n'est guère amoureuse refuse toujours ses avances ; à quand les premiers œufs bleus ? Avis aux amateurs, un jour écloront ici de petits pompons blancs.

Le rendez-vous quotidien de Nala avec les chèvres du chemin de randonnée qu'elles jonchent de câpres noires.

 

La très vieille chatte (18 ans !) qui nous ruine en pâtée reste toujours aussi svelte. Comment diable fait-elle pour garder la ligne tout en ayant un féroce appétit ? Je l'envie...

Vaches dans la brume, sur la rive opposée, au petit matin d'un jour d'août (il va faire chaud)...

Et puis tous les autres, les sauvages : le grand héron cendré a eu de la compagnie en septembre, un vol d'aigrettes blanches est venu pêcher sans se préoccuper des oies qui les observaient avec envie, couchées dans l'herbe sous le vieux noyer.

Où sont passées les pipistrelles ? J'en ai compté quatre-vingt-quatre un soir de juin, puis plus rien ou presque, quelques-unes seulement sortent des combles au crépuscule pour nous débarrasser des moustiques (c'est tout ce qu'on leur demande)...

Des libellules turquoise volettent au ras des flots ; notre ami M. les a immortalisées. 


Tous nos hôtes ont apprécié d'aller se rafraîchir dans la Dronne qui contrairement à d'autres rivières ne s'est pas asséchée. Elle reste très propre, comme en témoignent les floraisons successives des renoncules d'eau.


 

 

Ce fut aussi un été créatif : des oiseaux en tissu, un coq en application textile sur toile de lin (qui n'en finit plus, un travail de Pénélope), des meubles repeints et patinés...


Du rapiéçage maison sur un vieux couvre-lit déniché sur un vide-grenier et teint en bleu, un patchwork pour un canapé rustique à qui j'ai évité la déchetterie, un cache-misère pour le canapé en lin .


Quand il faisait plus de 35° à l'ombre, la fraîcheur de la grange étant  la bienvenue, il fallait bien s'occuper...


 

Sur le fil à linge, des essais de teinture maison pour voir la vie en rose ; une broderie sur du lin, pour montrer aux coccinelles qu'on les aime.

Comme l'an dernier nous avons passé les nuits les plus chaudes à la belle étoile, plus confortablement installés cette année : des lits de camp récupérés dans un stock militaire furent des couchettes très honorables. Notre fidèle sentinelle Nala nous gardait, nous réveillant parfois en pleine nuit à cause du passage d'un mulot...

Peu d'excursions, voir des gens masqués partout nous déprimait... Juste un petit tour en Périgord Noir et dans le Quercy pour sortir un peu de ma cuisine... J'ai découvert près de la cascade d'Autoire une ferme qui produit du safran pour nos futurs risottos à la milanaise et de la lavande (pour tant et tant d'usages), et aussi des vêtements tout doux en poils de chèvre, des chèvres angora que nous avions d'abord prises pour des moutons.

 
Eglise de Carennac dans le Lot, au célèbre tympan

 
 

En Périgord Noir, confluent de la Vézère et de la Dordogne à Limeuil, sculpture monumentale d'Audrix, gare Robert Doisneau à Carlux.


 

Carpe diem.

11 commentaires:

  1. Le débroussailleur se serait bien passé de cette publicité...^^
    Merci pour le reste !!

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    1. Bonsoir mon jardinier, désolée d'avoir publié cette photo sans ton accord, je pensais que tu serais fier que ta mère reconnaisse ton savoir-faire... Je ne le ferai plus, promis !

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  2. bjr, voila un été bien occupé, malgré l'ambiance morose vous avez su profiter de ces instants en famille et entre amis, petits moments de bonheur; Je suis comme vous pour le potager, le mien petit en carré, quelques pieds de tomates qui ont poussés comme ils avaient envie un fouillis de feuille et de tomates, mais quel goût, le vrai goût, un peu d'arrosage quand même, j'ai un gentil voisin qui me donnait des arrosoirs d'eau de son puits pour mes quelques légumes. Et voici que brusquement l'été est parti, c'est déjà l'automne. Je suis curieuse de savoir comment vous faites votre panna cotta, c'est un dessert que nous apprécions beaucoup et j'ai fait pas mal de coulis de fruits cette année. Bon dimanche.

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    1. Bonjour Marie,je suis contente que vous ayez compris mon potager et que vous adoptiez la même méthode, laissons les tomates gorgées d'eau aux inconditionnels de l'arrosage. Je vous donne le lien du site sur lequel j'ai trouvé les deux recettes (les pommes aussi) ; vous voyez, je n'ai rien inventé ! Très bonne soirée.
      http://www.dumieletdusel.com/archives/2011/07/02/21528708.html

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    2. Merci je vais voir cela tout de suite, bonne journée

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  3. 2 messages supprimés au lieu d’être publiés hier soir...un bug regrettable !
    C’est donc ce matin que je te répète BRAVO pour avoir pu sauver cet été si mal engagé...
    Je suis admirative de ton enthousiasme intact pour la nature, les êtres, bref tout ce/ tous ceux qui t’envoûtent.
    BRAVO aussi pour toutes tes créations artistiques,culinaires, florales, littéraires, ce blog en est l’illustration parfaite !
    Tu es ce qu’on peut appeler une amie prodigieuse ‼️😉😘

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    1. Prodigieuse peut-être pas mais créative dans bien des domaines sans doute... Il faut dire que le havre de tranquillité que nous avons trouvé ici ne nous incite guère à rêver d'ailleurs, et pour le moment c'est plus sage, donc vive la sédentarité active ! Merci pour ton commentaire très positif et bon courage pour le déménagement. A bientôt par courrier, amitiés.

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    2. Eté masqué et hydroalccolisé certes mais un été très très occupé ! Je suis admirative devant toute l'énergie créatrice qui se dégage de ce billet : cuisine, jardinage, couture, broderie .... et j'en oublie ! Ce tourbillon me plait bien , merci de le partager avec nous ! Comme toi j'ai dormi plusieurs nuits à la belle étoile lorsque les températures étaient vraiment trop chaudes pour rester enfermé entre les 4 murs surchauffés de la chambre. C'est quelque chose que j'aime beaucoup faire. Je reste un long moment à contempler la voute céleste et je guette les mille petits bruits de la nuit , feuillages, insectes, animaux nocturnes...et je me sens en harmoie avec le monde qui m'entoure.
      L'été est bel est bien fini et j'imagine qu'à la grange aux oies est venu le temps des lainages, des soupes chaudes, du feu dans la cheminée et des tasses de thé brûlant. Bises et à bientôt Marie *

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    3. Comme il est déjà loin cet été entravé mais aux si belles nuits ! Comme je l'attendais cet automne qui se promettait d'être moins sédentaire que mon précédent ; eh bien le virus méchant et le gouvernement en ont décidé autrement, cet automne sera (presque) aussi immobile que l'autre. Merci pour ton commentaire et bon courage pour les semaines à venir. Je penserai bien à toi et à tous les enseignants de France lundi matin. Amitiés, Minne

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