Je viens de lire "Voyage dans les Cévennes avec un âne"de Stevenson, je viens de faire le "Voyage en Italie avec un chien", moins épique mais aussi riche d'enseignements. Le monde en vacances regorge d'amis des chiens, c'est incontestable ! Mais si par hasard vous êtes allergique à la gent canine ne lisez pas ce qui va suivre, vous risqueriez au mieux l'ennui, au pire une crise de nerfs...
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Devinez ce qui intéresse autant ce joli matou... |
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La sagesse attentive de notre Nala vautrée sur le carrelage... |
De multiples conversations donc sur le mode badin-canin, des échanges purement canins aussi mais avec certains chiens seulement, Nala est sélective et nous ne savons jamais si le/la prétendant /te inconnu/e plaira à mademoiselle. Elle n'a pas d'idées préconçues sur les races mais n'aime pas qu'on la flaire en un point précis de son auguste derrière sans préliminaires. Un mâle un peu trop entreprenant et c'est la cacophonie aboyeuse, il faut vite séparer les belligérants avant l'émeute.
Je sens que vous êtes au bord de l'overdose, je reviens à notre voyage...
Première halte chez l'accorte Géraldine, superbe maison dans les oliviers de Saint-Paul-de-Vence, bourg fortifié et perché (mais là-bas ce n'est pas une originalité, ils le sont tous), village bien léché d'artistes et de nantis, terrasse parfumée où nous dînons sous des orangers, promenade romantique le long des remparts dans des senteurs de jasmins et de daturas...
Nala et son maître barbotant joyeusement dans une crique, je décidai de les rejoindre, j'avançai un pied prudent dans l'eau transparente pour constater une fois de plus que les petites méduses, si gracieuses dans leurs mouvances mauves, n'avaient pas déserté les criques du cap... Trois fois piquée autrefois, de plus en plus allergique, je renonçai alors aux joies de la baignade. Je ne m'y risquai pas là non plus...
Enfin le lendemain, après un déjeuner de poissons à Golfe-Juan sur le port, au départ de la route Napoléon qui s'en va tournicoter vers Grasse, Castellane et Digne... les méandres de la haute corniche, la découverte en contrebas des constructions vertigineuses de Monaco, le nouveau palace-hôtel qui semble en équilibre instable sur un éperon rocheux, rien qui vous enchante...
En chemin j'ai eu la peur de ma vie, la montée vers Bussana Vecchia, village perché détruit par un séisme en 1887 et réhabilité à partir des années 60 par des artistes venus des brumes, j'étais curieuse de voir ça, au début pas de problème... Cependant au bout de quelques centaines de mètres, la route se cabosse, se rétrécit, les lacets deviennent des épingles, des travaux, pas de parapets, des bas-côtés improbables, des ravins profonds, des à-pics juste là, sous mon nez, des blocs rocheux fracturés par le séisme... Vertige... je n'avais plus du tout envie d'aller à la rencontre des artistes, s'il en reste encore ! Tant pis, nous repartons vers des contrées moins escarpées, nous ne verrons jamais Bussana Vecchia. J'ai eu peur -c'est mon côté lièvre- et pourtant nous n'avons croisé aucune voiture, je me demande encore comment nous aurions fait... comment font-ils donc ceux de là-haut ?
San Remo, son animation nocturne, ses orchestres de rue, ses belles boutiques, ses rues piétonnes jalonnées de petits restaus dans les vieux quartiers... C'est dans l'un de ces restaurants que j'ai enfin eu droit aux tagliatelles aux truffes, n'en déplaise aux puristes d'Alba, et le lendemain aux meilleures pâtes aux cèpes qu'il m'ait été donné de manger, des funghi d'une texture si fine et d'un goût si exquis sur de la pasta della casa que j'en salive encore. En Italie je mangerais des pâtes tous les jours sans jamais me lasser...
Ici, c'est aussi F., mon amie F. avec qui nous déjeunons, puis nous dînons, et entre les deux de longues conversations sur les problèmes qui sont dans l'air du temps... F. sait de quoi elle parle, elle est pneumologue, c'est un régal de l'écouter, cela nous change vraiment des discours ambiants... F. doute, comme tout esprit scientifique qui se respecte. F., pourtant surbookée, a toujours trouvé un peu de temps pour nous à chacun de nos passages sur la Côte d'Azur.
Et encore ce restaurant italien du vieux Menton où les spaghettis aux vongoles m'ont laissé un tel souvenir gustatif, le premier soir, que nous y sommes revenus le lendemain pour reprendre les mêmes, que nous.reviendrons un jour à Menton pour retrouver cette saveur... mais pourquoi Menton est-elle si loin, au-delà des poules et des tunnels ?
Le dernier jour est consacré à la Haute-Provence, nous avons choisi la route des lavandes : nous parcourons les petites départementales du Haut-Var, quelques jolis villages comme Flayosc où l'on déjeune sous les platanes de la place, installés près d'un couple de Hollandais bavards qui passent la belle saison ici, les veinards ; Villecroze, Aups, juste entrevus et qui mériteraient mieux et enfin, merveille des merveilles, le lac de Sainte-Croix, d'un bleu à faire pâlir le ciel, tranquille dans son écrin de falaises, qui n'en finit plus de se répandre entre les vallées, qui inviterait à la baignade et au farniente si nous avions le temps... Là aussi nous reviendrons...
Valensole me déçoit un peu, je l'avais imaginée noyée dans les champs de lavandes ; or il faut faire quelques kilomètres, sur la route de Puymoisson, pour les trouver... Nous rencontrons dans une ferme un lavandiculteur très âgé qui nous vante ses produits avec une certaine gourmandise dans son oeil bleu pétillant, alors qu'il aurait l'âge de s'ennuyer ferme en Ehpad. Il n'y a pas à dire, l'activité, ça conserve, et la lavande aussi sans doute.
Après le plateau de Valensole, Forcalquier, Banon et sa labyrinthique librairie, Simiane la Rotonde, puis le plateau d'Albion, ses panneaux solaires et ses mystères, enfin Sault où nous passons la nuit, dernière halte du voyage... si j'excepte cet arrêt que je propose à Jean pour voir à Avignon LA boutique, celle qu'une créatrice a aménagée dans un superbe hôtel particulier du vieil Avignon ; Vox Populi, pour quelqu'un qui crée des bricoles comme moi, c'est une mine, c'est une merveille...
J'allais oublier notre gentille hôtesse dans ce hameau perché près de Sault face au Ventoux, sur la route des gorges de la Nesque, qui nous a bien gâtés pour notre dernier repas provençal : petit déjeuner pantagruelique, avec œufs de ses poules, crêpes et confitures maison, pain et croissants frais alors que nous étions à 9 kilomètres de route escarpée de la première boulangerie et à 600 mètres d'altitude ! Cela s'appelle chouchouter ses hôtes, nous regrettions de n'y passer qu'une nuit... Et puis, cerise sur le gâteau, elle était originaire de Lourmarin et avait bien connu Camus ...
Le lendemain nous prenions la route du retour pour retrouver en Périgord de violents orages... La parenthèse méditerranéenne n'en paraissait que plus belle...
A bientôt !
Quel joli périple et si bien raconté. Je te reconnais bien Monique.
RépondreSupprimerMerci...
SupprimerJe me suis délectée à la lecture de ce voyage en Italie ! On lit tes textes avec gourmandise, tant les mots choisis pour décrire tes découvertes sont savoureux et pour filer la métaphore, je finis avec l'eau à la bouche à l'idée de spaghettis aux vongoles ou de tagliatelles à la truffe. Mon quart de sang italien frémit doucement et me dit qu'un jour , il faudra que j'aille sur les traces de mes ancêtres, dans le petit village d'Issiglio perché dans les montagnes au dessus de Turin et à l'est du massif du Grand Paradiso. Merci pour ce beau voyage. Bises Marie*
RépondreSupprimerMerci Marie pour cet élogieux commentaire ! Chez moi il est vrai que la gourmandise est indissociable d'un voyage réussi, seuls les gourmets me comprennent, les autres doivent penser que je ferais mieux de m'attarder dans les musées, ce qui va un moment, et puis avec Nala ce n'est pas facile, ça nous fait une bonne excuse (tandis qu'au restau en principe elle est acceptée, parfois même gâtée). Donc tu as très bien compris que mes émerveillements passaient aussi par les papilles... Amitiés, Monique
SupprimerBjr, rentrée de vacances moins lointaines (en Tourraine pour redécouvrir les châteaux de la Loire) je lis avec plaisir le récit des vôtres, et j'en profite car mes pas ne m'emménerons certainement jamais aussi loin, bien que l'Italie soit une région qu'il me plairait de découvrir. Comme vous je n'envisage pas les vacances sans découvertes culinaires, ah la gourmandise... pour moi ce n'est pas un défaut. Merci pour ce partage.
RépondreSupprimerBonjour Marie, merci d'avoir pris le temps de lire ce petit billet, que j'ai concocté dès mon retour afin de ne rien oublier de mes enchantements et de mes frayeurs. Mais comme vous j'aime aussi la Touraine et ses châteaux (et ses vins et sa gastronomie, vous vous en doutez bien...). Gourmets de tous les pays, unissez-vous !
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